29 de març 2008

Guitarrista de la setmana (3): Jean-Pierre Jumez


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Heus aquí un guitarrista viatger, periodista i poeta. Ha donat la volta al món amb la seva guitarra i ha tocat en 200 països: un rècord guinness!
En la seva web podeu llegir el llibre que ha escrit dels seus viatges. Molt divertit, no us ho perdeu: http://www.jumez.com/html/livre.html#down
A portat amb la guitarra una vida d’aventures i, després de ser un concertista consagrat, es dedica al periodisme escrivint als diaris ho fent reportatges per al la televisió francesa. També ha creat una web internacional de traducció.
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Al Brasil, Jumez tocant amb el compositor Antonio Lauro.
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Seis por Derecho (Antonio Lauro)..écoutez au format MP3
(del seu disc Les couleurs de la guitarre 2: http://www.jumez.com/index.html)
Légende de l'Amazonie (Villa-Lobos)...écoutez au format MP3
(del seu disc Recital de la guitare classique: http://www.jumez.com/index.html)
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Va néixer a Hesidin prop de Calais. Abandonà una brillant carrera esportiva per dedicar-se a la música i va fer els estudis a França, Estats Units i Itàlia. Completà els estudis a la famosa Acadèmia Santa Cecília de Roma amb els cursos de direcció d’orquestra amb GianLuigi Gelmetti i música ètnica amb Nataletti.
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En la seva carrera professional es remarcable:
  • Que ha tocat en les sales més prestigioses com el Carnegie Hall, la sala Txaikovski de Moscú o les sales Playel i Gaveau de París.
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  • Que ha fet escoltar noves obres de compositors com Jolivet, Auric o Claude Bolling així com músiques de la diversitat de cultures que ha freqüentat: russes, asiàtiques, africanes i latino americanes. En aquesta foto el tenim amb Claude Bolling interpretant el Concert per a Guitare Classique i Trio de Jazz :
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  • Que fou un dels primers artistes en actuar a la Xina comunista en 1977 i fer classes de guitarra a Pequín.
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  • Que també a enregistrat una pila de discos, per exemple:
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Fragments del seu llibre:

Dels seus viatges per l'Índia:
Imperturbables, les voyageurs comprennent. Ils descendent un par un, car aucun n'est en règle. C'est donc dans un wagon vide que je fais le voyage. Enfin, presque vide : un autre voyageur a payé sa place. C'est un Français, Patrick Moutal. Issu d'une grande famille lyonnaise, il est guitariste de formation et a décidé de s'initier au sitar indien. Il va rejoindre son "ustad", son maître, à l'université de Bénarès où il réside déjà depuis plusieurs années. Il y habite une pièce située au bord du Gange, dormant à même le sol. Patrick respire la joie de vivre.
Il refuse néanmoins de licher ma gourde, pourtant mieux garnie qu'au Népal.
- J'adore le whisky, mais faire des études musicales implique des renoncements, you know.
- Mais personne ne le verra ni le saura !
- Atcha ! Mais mon spirit est orienté vers l'étude totale, complète immersion. Quand j'aurai mon degré, d'ici 5 ou 6 ans, je serai libre et pourrai mener ma vie et ma musique à ma guise. Mais ici, on stipule que j'ai ce que je désire. Pourquoi m'enivrer quand j'ai toute satisfaction ?
- Bon, d'accord pour du whisky. Mais toi, un Lyonnais, tu refuserais un verre de Pommard ?
- Atcha, l'ustad est quand même un homme tolérant lorsqu'un enjeu vital est en cause !
- Dis-moi, la technique du sitar ressemble-t-elle à celle de la guitare ?
- Ici, la technique n'est pas la priorité. Le fond doit primer la forme, alors qu'en Occident, on fait souvent passer le superflu avant le nécessaire. En Europe, enseigne l'imparfait du subjonctif aux enfants, mais on oublie de leur inculquer toute notion de générosité. Ici, on vise avant tout l'émotion. On en démonte le mécanisme, on l'analyse, on l'explore. Tiens, voici un raga..
Mon compagnon déballe son sitar et se met en position du lotus, à même le sol.
- Voici un rag du matin. Je mets d'abord en valeur chaque note de la gamme, ici pentatonique. Je prends la première et je tourne autour, tel un hypnotiseur qui balance son doigt devant les yeux de sa proie. Tu sens les périphrases que j'improvise autour de cette base ? Je vais ainsi t'imprégner de mes cinq notes. Maintenant, c'est le tour de la gamme, que je vais m'attacher à te faire assimiler, en faisant intervenir les shrutis...
- Les quoi ?
- I don't know comment t'expliquer. Ce sont des mini-intervalles qui ont un rôle de soutien. C'est qu'il faut pouvoir retrouver toutes les nuances du chant, qui sert de modèle à toute musique, ici. Voici par exemple le...
- ...non, non, poursuis ton développement !
- Atcha ! Tu es déjà pris, very good ! Passons maintenant au thème. Tu le saisis ?
- Atcha !

- Atcha; Maintenant, il faut le rythmiser. C'est ici qu'interviendrait un joueur de tabla, exposant la structure à douze temps. Nous voici maintenant au cœur de la musique, complexe mais contrôlée. Le rythme s'intensifie, puis c'est le paroxysme. Pris dans ces filets, on atteint un éréthisme crazy. Tu sens, tu sens ? Et puis, petit à petit, il faut revenir à notre bas-monde, avec précaution, pour ne pas manquer l'atterrissage. A la fin, la musique est assouvie.
- J'ai compris. mais comment appréhender tout cela au premier coup d'oreille ?
- Mais cela, my dear, c'est tout le problème de l'éducation dans l'art. Peu de gens reçoivent l'enseignement ad hoc, même ici, et peu nombreux sont ceux qui peuvent espérer tirer tout le plaisir de la musique. Mais ils peuvent être excited par d'autres éléments : virtuosité, timbres ou, pour les Américains, fantasmes orientaux. Ah, voici une station ! J'ai faim, descendons !
Nous achetons une sorte de sandwich de chappati*. Une femme nous aborde, demandant la charité. Je lui tends la moitié de mon repas. D'un air dédaigneux, elle décline car ce qu'elle veut, c'est de l'argent. Mais une énorme buse qui était juchée sur un poteau biscornu fond sur nous et emporte mon déjeuner dans ses serres.
Lorsque nous remontons, le wagon est de nouveau pris d'assaut. Nous terminons simplement le voyage sur le toit.
- Je te quitterai au prochain arrêt, Monghyr, où je changerai pour Bénarès. Qui sait combien de temps j'y resterai ? Tant de choses à apprendre de ceux qui m'ont précédé !
- Mais comment un Occidental peut-il prétendre égaler ces artistes qui provoquent ton admiration et ton renoncement ?
- Ici, l'artiste est au service de l'art, c'est à dire l'inverse de l'Occident où l'on signe aujourd'hui les cathédrales. De ce fait, en Europe, on progresse en ligne brisée. Les successeurs d'un maître préfèrent baisser les bras et aborder d'autres voies, évoluant davantage par révolutions que par évolution. On arrive même à discerner des cycles. On part d'une forme primitive qui fait grincer l'homme cultivé (jazz, rock, disco...); puis les choses s'affinent et enfin, on "classicise". A ce stade la génération suivante ne peut prendre... le train en marche, et un nouveau cycle démarre.
- En somme, c'est la querelle des anciens et des modernes.
- Atcha, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, mais ici, on vit dans la continuité. On ne discute pas la tradition. Même un artiste insurpassable ne décourage pas la postérité. On attendra simplement un siècle ou deux avant de faire mieux.
- Mais j'ai vu des guitares, ci et là ?
- Des jeunes veulent d'initier à l'Occident à peu de frais. Le problème est géographique, pas historique.
Deux ou trois ans plus tard, je donnerai le premier concert de guitare de mémoire de Bénarésien. Patrick, toujours aussi enjoué, y aura acquis une telle notoriété qu'il donnera de nombreux concerts à travers toute l'Inde, parcours étonnant pour un bourgeois lyonnais. Plus tard encore, c'est à Paris que je le retrouverai, professeur de musique indienne au Conservatoire de Paris. Atcha .

Dels seus viatges a la Xina:

En 1987, bombardé par une série de télex et de messages, je me rends à un festival de guitare organisé dans la ville de Zhuhaï, en face de Macao. située dans une zone-tampon entre la Chine et ses riches voisins. L'accueil dépasse alors l'imagination. Que ce soit dans la rue ou à l'hôtel, je me trouve assailli d'admirateurs. Ma perplexité s'accroît lorsqu'on m'explique que ce festival a été organisé en mon honneur, que 800 guitaristes sont venus de toute la Chine pour y participer, et que certains ont même mis 6 jours en train pour venir. Les caméras de télévision sont partout. La ville est hérissée de guitares.
- Vous savez, les choses ont changé depuis votre dernière venue, me dit Xing-Liang, ma jeune virtuose du p'i-p'a, devenue aujourd'hui professionnelle. Devant le boom de la guitare en Chine, notre télévision a été prise de court. La seule archive dont elle dispose, c'est l'émission de 60 minutes que vous avez enregistrée en 1983. Il l'ont donc diffusée pratiquement chaque mois depuis cette époque. Vous êtes presque aussi connu que notre président !

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Alors, j'ai compris : ce que j'avais apporté en Chine, ce n'était pas vraiment la guitare, mais ce qu'elle représentait pour ces jeunes, c'est-à dire l'Occident. Brandir une guitare, c'était afficher son libéralisme. Sur la place Tien an Meng, envahie d'une marée constellée d'éclisses vernies, chaque guitare est un bulletin de vote; chaque corde est une cartouche. Dommage que l'on ait exécuté nombre de ces exécutants.